À Nairobi l’histoire politique congolaise semble, une fois de plus, s’écrire à travers cette ville de la capitale kényane. En effet, c’est au Kenya, en 2023, que Corneille Nangaa et ses partisans avaient lancé l’Alliance Fleuve Congo (AFC-M23), une coalition politico-militaire censée proposer une alternative au pouvoir en place.
Les résultats de cette expérience, marqués par les violences et la déstabilisation de plusieurs régions de l’Est, restent encore présents dans les esprits.
Deux ans plus tard, un scénario comparable se répète : Joseph Kabila et plusieurs figures de l’opposition viennent d’y créer “Sauvons la RDC”, avec pour objectif affiché de “redresser” le pays.
De ce fait, le parallèle entre ces deux initiatives apparaît évident. Les observateurs y voient non seulement un symbole de continuité dans la contestation du pouvoir central, mais également une incapacité persistante à structurer une opposition crédible à l’intérieur du territoire congolais.
Ainsi, Nairobi s’impose comme un espace de repli politique pour les acteurs en rupture avec Kinshasa, loin du regard direct de la population congolaise.
Toutefois, les similitudes ne s’arrêtent pas là. Dans les deux démarches, le concept de “sauvetage national” revient comme un leitmotiv mobilisateur. Pourtant, l’expérience de l’AFC-M23 a démontré combien de tels projets, portés hors du cadre institutionnel national, peuvent dériver vers des logiques de confrontation et d’instabilité. Ce précédent nourrit aujourd’hui la méfiance d’une partie de l’opinion face à la nouvelle initiative de Kabila et ses alliés.
En outre, la création de “Sauvons la RDC” soulève plusieurs interrogations. S’agit-il réellement d’un mouvement citoyen, orienté vers la refondation républicaine, ou plutôt d’une reconstruction d’élite politique en quête de revanche ? Si le discours officiel met en avant les valeurs de souveraineté et de justice sociale, le choix du lieu, des acteurs et du contexte laisse planer le doute sur la nature véritable de ce projet.
En définitive, Nairobi se confirme comme le miroir des fractures politiques congolaises. Entre la volonté d’un renouveau national et la crainte d’un recyclage politique, la naissance de “Sauvons la RDC” relance un débat essentiel : celui de la crédibilité des initiatives politiques nées hors du territoire national, souvent perçues comme déconnectées des réalités du peuple congolais.
Abdoul Madjid Koyakele
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