Kinshasa, le 02 septembre 2024 — Alors que le monde s’enfonce dans une crise climatique sans précédent, l’Afrique se retrouve en première ligne. Moins responsable des émissions mondiales de gaz à effet de serre, le continent est pourtant l’un des plus exposés aux conséquences du réchauffement global. Sécheresses, inondations, insécurité alimentaire et déplacements forcés se multiplient, mettant à l’épreuve la résilience des populations et des institutions.
En effet, l’année 2025 enregistre déjà des catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes. Au Niger, des inondations meurtrières ont coûté la vie à 47 personnes et affecté plus de 56 000 habitants.
En Afrique du Sud, des pluies diluviennes ont provoqué des glissements de terrain et causé d’importantes pertes humaines. Selon l’Organisation météorologique mondiale, la température moyenne du continent dépasse désormais de 0,86 °C la normale, avec des pics atteignant +1,28 °C en Afrique du Nord.
Même de petites augmentations de la température mondiale accroissent considérablement les risques de vagues de chaleur et d’inondations inédites, souligne le climatologue John Marsham.
Ce bouleversement s’inscrit dans un contexte où la transition énergétique demeure fragile. Malgré ses vastes ressources naturelles, l’Afrique reste le continent où l’accès à l’électricité est le plus limité. Plus de 600 millions d’habitants vivent encore sans courant électrique. Pourtant, des projets ambitieux voient le jour : le parc solaire Noor au Maroc, le barrage Grand Inga en République démocratique du Congo ou encore la Grande Muraille Verte au Sahel, destinée à restaurer les écosystèmes sur plus de 8 000 km.
Toutefois, ces efforts sont souvent freinés par des intérêts économiques puissants. Le projet EACOP, porté par TotalEnergies en Ouganda et en Tanzanie, suscite de vives controverses, car il pourrait entraîner le déplacement de plus de 100 000 personnes et générer des millions de tonnes supplémentaires de CO.
Les chiffres clés :
Indicateur |
Valeur estimée 2025 |
Population africaine exposée aux risques climatiques |
+300 millions |
Température moyenne au-dessus de la normale |
+0,86 °C |
Déplacements forcés liés au climat |
700 000 personnes |
Accès à l’électricité |
600 millions sans accès |
Face à ces défis, les initiatives régionales et internationales se multiplient. Le sommet Climate Chance Europe-Africa 2025 a mis en avant l’importance de l’adaptation locale et de la coopération entre acteurs publics, privés et communautaires. Le Maroc, en particulier, s’impose comme un acteur clé en développant des modèles intégrés de résilience climatique, associant sécurité alimentaire, stabilité sociale et préservation environnementale.
La sensibilisation passe également par la culture et les médias. Le festival Visa pour l’image 2025, organisé à Perpignan, a consacré plusieurs expositions aux ravages du changement climatique, mettant en lumière des réalités vécues en Indonésie, en Californie, mais aussi dans le parc des Virunga, menacé par les conflits dans la région des Grands Lacs.
Ce dossier ne prétend pas clore le débat sur la crise climatique en Afrique. Il ouvre plutôt une fenêtre sur les réalités, les initiatives locales et les enjeux globaux. Penser l’avenir du continent, c’est aussi écouter ses voix, ses luttes et ses solutions. Focus Actualité poursuivra cette mission d’information engagée, au service d’une Afrique résiliente et souveraine.
Abdoul Madjid KOYAKELE
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