Longtemps considérée comme la « cité présidentielle » ou encore le « Versailles de la jungle », cette localité fut la résidence officielle et le bastion politique du Maréchal Mobutu Sese Seko, ancien chef de l’État zaïrois, aujourd’hui République Démocratique du Congo.
La différence entre les deux appellations trouve son origine dans la transcription linguistique et phonétique locale.
Gbadolite est la forme officielle retenue dans les documents administratifs, les cartes géographiques et les bases de données internationales, tandis que Gbado-Lite est une forme populaire et phonétique, issue de la prononciation dans certains dialectes locaux, notamment en Ngbandi, langue majoritairement parlée dans la région.
Selon un historien local, spécialiste de la mémoire culturelle du Nord-Ubangi, le nom de la ville serait composé de deux éléments : « Gbodo », désignant un grand arbre symbolique de la région, et « Lite », faisant référence à un ancêtre de cette agglomération.
La combinaison de ces deux noms aurait donné naissance à Gbodo-Lite, devenu au fil du temps Gbado-Lite, puis Gbadolite sous l’influence coloniale et administrative.
L’historien cite même d’autres localités issues du même schéma linguistique, telles que Gbado-Gboketsa, un village situé dans la commune de Molegbe, toujours dans cette même région.
« Le nom de cette ville hautement historique est composé. Cela vient de deux ancêtres dont Gbodo et Lite.
Ce nom original désignant un gros arbre qui pousse les chenilles a été déformé par les colons pour devenir Gbado.
Voilà pourquoi cela devenait Gbado-Lite. Néanmoins, l'arrêté portant création de cette ville le 10 janvier 1987 avait mentionné Gbadolite en un seul mot. Voilà d'où est née cette confusion jusqu'à nos jours.
Cependant, il est évident de continuer à utiliser ce qui est déjà officiel », explique à Focus Actualité un ancien de la ville ayant requis l’anonymat.
Cette double appellation traduit la richesse linguistique et culturelle du Nord-Ubangi, tout en rappelant que la prononciation et l’écriture ont évolué au fil du temps sous l’effet des influences coloniales et de la normalisation internationale.
Sous le régime du Maréchal Mobutu Sese Seko, Gbadolite ou Gbado-Lite a connu une transformation spectaculaire.
D’un simple village, elle est devenue une ville moderne dotée d’infrastructures prestigieuses telles qu’un aéroport international capable d’accueillir le Concorde, des palais présidentiels, des banques, un bureau de poste et des routes asphaltées reliant les zones administratives et résidentielles.
À cette époque, Gbadolite | Gbado-Lite incarnait la puissance et la grandeur du régime, attirant de nombreux dignitaires et visiteurs étrangers.
Après le renversement de Mobutu en 1997, la ville a connu un lent déclin. La plupart des infrastructures ont été pillées ou laissées à l’abandon, transformant ce joyau du passé en un site historique où les vestiges racontent encore l’ambition d’une époque révolue.
Aujourd’hui, Gbadolite ou Gbado-Lite demeure un symbole de mémoire et de nostalgie, où les habitants évoquent avec fierté l’histoire de leur ville et espèrent sa renaissance économique et culturelle.
Sur le plan administratif et international, la dénomination Gbadolite est désormais validée et reconnue officiellement par la majorité des organismes mondiaux, notamment Google Maps, Wikipedia, BBC, ONU, Reuters, Google Actualités, Bing Webmaster et AFP.
Ces plateformes utilisent la forme « Gbadolite » dans leurs bases de données, tandis que « Gbado-Lite » subsiste encore dans certains médias locaux, documents d’archives et publications culturelles, comme un héritage linguistique et identitaire profondément enraciné dans la mémoire collective.
Même si les deux noms coexistent encore, Gbadolite demeure la forme officielle, normalisée et internationalement admise, tandis que Gbado-Lite conserve une valeur historique et culturelle locale.
Cette coexistence illustre la diversité linguistique congolaise et la richesse du patrimoine du Nord-Ubangi, où la langue et l’histoire s’entrelacent pour façonner une identité commune.
Abdoul Madjid Koyakele


