Gemena, 22 septembre 2025 – Ce 22 septembre, le monde célèbre la Journée mondiale de la protection du rhinocéros, une occasion de sensibiliser le public à la situation critique de cette espèce emblématique, menacée d’extinction. En République démocratique du Congo (RDC), cette journée revêt une signification particulière, le pays abritant l’un des derniers refuges du rhinocéros blanc du Nord, aujourd’hui quasi disparu à l’état sauvage.
La RDC, riche d’une biodiversité exceptionnelle, était autrefois le berceau de milliers de rhinocéros, notamment dans le parc national de Garamba, au Nord-Est du pays. Aujourd’hui, la situation est alarmante : le rhinocéros blanc du Nord est fonctionnellement éteint, tandis que le rhinocéros noir, encore présent dans les zones frontalières, demeure fortement menacé
Les principales menaces sont connues : le braconnage, alimenté par la demande illégale de cornes, notamment en Asie ; les conflits armés qui déstabilisent les zones protégées ; et la déforestation qui détruit l’habitat de ces animaux.
Selon les données de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), aucun rhinocéros n’a été observé à Garamba depuis 2007, malgré les efforts conjoints des gardes-parcs et des ONG. Cette disparition silencieuse est la conséquence de décennies de braconnage systématique et de l’incapacité de l’État à garantir une sécurité suffisante dans les parcs nationaux.
La RDC, en collaboration avec ses partenaires internationaux comme l’UNESCO, le WWF et la Wildlife Conservation Society, a mis en place plusieurs stratégies de conservation :
- Renforcement de la surveillance aérienne ;
- Formation des écogardes ;
- Campagnes de sensibilisation ;
- Réhabilitation des aires protégées.
Cependant, le manque de financement, l’instabilité sécuritaire et l’absence de volonté politique freinent l’impact de ces initiatives. Le retour du rhinocéros sur le sol congolais nécessite une stratégie ambitieuse, alliant diplomatie environnementale, protection juridique renforcée et implication des communautés locales.
En ce jour de commémoration, plusieurs voix s’élèvent pour rappeler la nécessité d’une refondation de la politique de conservation en RDC. Le Chef de travaux Irénée Monyobele, enseignant environnementaliste à l’Institut supérieur pédagogique de Gemena (ISP-Gemena) et doctorant à l’Université pédagogique nationale (UPN), insiste :
« Si la RDC veut s’impliquer comme pays-solution dans la lutte contre les changements climatiques, elle doit aussi redevenir un sanctuaire pour les espèces emblématiques, comme le rhinocéros. »
Des initiatives citoyennes commencent à émerger. À Gemena, l’Association des Environnementalistes et des Écologistes du Sud-Ubangi organise des campagnes de sensibilisation et des forums sur la biodiversité. Cette dynamique nouvelle pourrait constituer une base solide pour renforcer la pression sur les décideurs.
La Journée mondiale du Rhinocéros rappelle à la RDC l’urgence d’agir.
« Perdre définitivement le rhinocéros sur son territoire, c’est non seulement tourner le dos à une espèce majestueuse, mais aussi affaiblir le combat pour la biodiversité mondiale. Il est encore temps d’inverser la tendance. Le moment d’agir pour surmonter la disparition inquiétante des espèces animales utiles, c’est maintenant », a ajouté le CT Monyobele.
Blaise ABITA ETAMBE
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