Ce jeudi 27 novembre 2025, la communauté universitaire de l’Université pédagogique nationale (UPN), à Kinshasa, a été surprise par un événement peu commun.
Un étudiant s’est présenté sur le campus vêtu d’une jupe noire accompagnée d’un haut sobre, un choix vestimentaire inhabituel dans le milieu académique congolais et qui a immédiatement attiré l’attention.
Plusieurs témoins ont rapporté que le jeune homme, calme et assumé, semblait s’inspirer du style vestimentaire adopté récemment par le footballeur français Jules Koundé lors de son arrivée au centre d’entraînement de Clairefontaine.
Cette tenue, perçue par certains comme singulière ou provocatrice, a rapidement entraîné l’intervention des agents de sécurité du campus, qui ont escorté l’étudiant hors du site universitaire.
Aucun incident grave n’a été signalé, mais la scène a généré une multitude de réactions parmi les étudiants.
Certains y ont vu une provocation, d’autres ont exprimé de l’incompréhension, tandis que d’autres encore ont évoqué la liberté individuelle et la question de l’expression personnelle en milieu académique. Les discussions ont été nombreuses et souvent contrastées.
L’événement pousse à s’interroger sur la relation entre identité, apparence et règlement au sein des établissements d’enseignement supérieur en République démocratique du Congo.
Dans un pays majoritairement conservateur, voir un homme en jupe dans un espace public, et particulièrement dans une université, peut être interprété comme une remise en cause des normes sociales établies.
Une partie des observateurs pense toutefois qu’il s’agit peut-être d’un acte symbolique ou artistique.
Certains étudiants ont évoqué l’hypothèse que le jeune homme aurait voulu transmettre un message sur la liberté d’expression, la fluidité des genres ou l’universalité de la mode, en se référant à une figure sportive internationale.
L’incident remet en lumière le débat sur les codes vestimentaires dans les universités congolaises. Si certains établissements disposent de règlements internes stricts, d’autres fonctionnent avec des normes implicites.
À l’UPN, aucun texte ne semble interdire explicitement à un étudiant masculin de porter une jupe, mais la société reste guidée par des règles culturelles puissantes qui influencent fortement l’appréciation du geste.
Plusieurs enseignants et responsables, interrogés sous anonymat, estiment que l’université devrait jouer un rôle d’ouverture et de réflexion, incluant la liberté vestimentaire.
D’autres, plus conservateurs, jugent qu’une tenue considérée comme atypique pourrait nuire au climat de discipline et à l’image académique de l’institution.
Ce fait divers dépasse la simple question de la tenue vestimentaire. Il interpelle sur la manière dont la société congolaise perçoit la masculinité, la liberté personnelle et l’évolution des codes sociaux.
La réaction rapide des agents de sécurité traduit un réflexe institutionnel visant à préserver l’ordre, mais elle met également en lumière une difficulté à gérer la diversité des expressions individuelles dans les espaces publics.
À l’heure où le monde évolue vers une pluralité de représentations et d’identités, les universités congolaises se trouvent face à un choix : maintenir un modèle rigide ou s’adapter à une société en mutation.
L’apparition de cet étudiant en jupe à l’UPN pourrait bien rester comme un épisode marquant dans ce débat qui, tôt ou tard, devra être ouvert de manière plus large.
Blaise Abita Etambe
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